A cette vivante mémoire du passé constituée par les écrits, la peinture et la sculpture, la musique et l’architecture, vint se greffer au milieu du XIX° la photographie.
Cette exposition est un peu de mon regard sur le regard des autres, sur ce dont des photographes avaient été les témoins, bien avant que je ne fisse mes premiers pas en Inde, à la fin des années 70.
Beaucoup des photographies exposées ici restent d’actualité. Si, avec la fin du Raj, le faste des Maharajas a le plus souvent disparu, tout du moins sous son aspect le plus éléphantesque, bon nombre des images ici exposées nous sont familières : celles qui nous disent la solitude dans les foules de Bénarès ou Calcutta, ou la spécificité de certains métiers qui perdurent. Celles des lieux presque déserts sont des images d’aujourd’hui, au petit matin. Toutes sont des tableaux, souvent emprunts de mélancolie, des instants de temps suspendu dont l’éternité semble résister à la modernité.
Discuter des bienfaits de cette résistance est une autre affaire : c’est de l’histoire contemporaine ou de la petite histoire, à laquelle il faut laisser du temps pour entrer dans l’Histoire.
Bertrand Puvis de Chavannes